Oups. Vous avez craqué et rempli votre panier de plein de chouettes canettes, mais vous n’avez évidemment pas l’intention de tout boire d’un coup. Vous vous demandez donc combien de temps vous pouvez garder vos pépites avant qu’elles ne soient plus buvables. Mais d’ailleurs, ça se périme, une bière ? On vous dit tout sur la conservation de votre boisson.

 

Est-ce que la bière se périme ?

 

En France, la bière est considérée comme un produit sec, donc non périssable, au même titre que le riz, les jus de fruits ou les légumes en conserve. Mais contrairement à la plupart des produits alcoolisés comme le vin ou les spiritueux (qui dépassent les 10 % d’alcool), il est obligatoire pour le fabricant d’apposer une date de durabilité minimale (ou DDM) sur le contenant de sa bière. La DDM se différencie de la DLC (date limite de consommation) par le fait qu’il n’y a aucun risque pour la santé à consommer le produit après son échéance. En revanche, ses caractéristiques organoleptiques peuvent être altérées, c’est-à-dire que ses arômes, ses goûts et sa texture peuvent changer avec le temps.

Il revient aux fabricants et distributeurs de déterminer les DDM ou DLC de leurs produits, par des analyses microbiologiques et organoleptiques. Avec le temps, les secteurs professionnels ont édité des guides de bonnes pratiques d’hygiène contenant les durées idéales de conservation pour chaque aliment, du jambon aux céréales en passant par les yaourts et le beurre de cacahuètes.

C’est un peu plus compliqué à mettre en place pour la bière, car les matières premières et les techniques de brassage utilisées peuvent changer du tout au tout la capacité de conservation du produit fini. Par ailleurs, les brasseries sont friandes de recettes éphémères, qui ne permettent pas de tester leurs durées de conservation. Les DDM déterminées par les brasseries artisanales vont donc dépendre des styles brassés et de leur expérience, qui est parfois un peu limitée…

 

Combien de temps garder une bière

 

“Ok le Petit Ballon, donc il faut boire sa bière avant la DDM, parce qu’après, elle sera forcément moins bonne, c’est ça ?” Eh bien, pas tout à fait… En règle générale, une bière est à son apogée gustative lorsqu’elle sort de la brasserie, il vaut donc mieux ne pas trop attendre avant de la déguster. Certaines brasseries adeptes des styles houblonnés impriment ainsi des dates très courtes - parfois quelques semaines seulement - sur leurs étiquettes. Il y alors plusieurs paramètres que vous pouvez prendre en compte pour estimer quelle bouteille ouvrir en premier.

Le premier ennemi de la bière étant l’oxydation, les styles de couleurs plus claires et faibles en alcool sont donc susceptibles de se détériorer les plus rapidement. En effet, le processus de torréfaction des malts utilisés dans les bières ambrées, brunes ou noires crée des composés antioxydants. L’alcool, lui, est un conservateur dont les propriétés ne sont plus à prouver (vous avez déjà vu de l’alcool moisi, vous ?). Évidemment, son action sur nos organismes est tout autre, alors rappelez-vous de toujours le consommer avec modération !

Le houblon non plus ne fait pas bon ménage avec l’oxygène, qui diminue son amertume et modifie ses arômes (et pas pour le mieux). Mais les acides alpha qu’il contient ont un plus grand ennemi encore : les UV. Rayons du soleil et néons de magasins n’ont besoin que de quelques heures à peine pour provoquer l’apparition du 3-Méthyl-2-butene-1-thiol (ou MBT pour les intimes), un composé donnant une aromatique de CBD, de serpillière humide ou d'égouts à votre boisson. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’usage de canettes a progressé dans l’industrie brassicole : contrairement aux bouteilles, surtout vertes ou transparentes, elles ne laissent passer aucun UV.

Quelques durées indicatives de conservation des bières :

• styles riches en houblon (IPA et déclinaisons) > à consommer dans les trois mois après leur embouteillage, et même plus tôt si vous ne les conservez pas au frigo
• autres styles en dessous de 7 % d’alcool > pas plus de six mois
• bières contenant plus de 7 % d’alcool > jusqu’à un an après leur sortie de brasserie

 

Comment bien conserver ses bières

 

Évidemment, ces conseils ne sont valables que si vous conservez vos bières dans des conditions correctes. Le top, c’est bien sûr la cave, naturelle ou électrique : température et humidité contrôlées, luminosité au minimum, voire dispositif anti-vibrations. Mais bon, il faut avoir les moyens (d’ailleurs c’est bientôt mon anniversaire, si jamais…). Si ce n’est pas votre cas, pas d'inquiétude. L’important est surtout d’éviter les écarts rapides et fréquents de températures. La température idéale ? 15°C tout le temps.

Si vos bières sont conditionnées en bouteilles, protégez-les absolument de la lumière du jour ou artificielle, pour les raisons expliquées plus haut. Stockez-les à la verticale, sauf celles qui ont un bouchon en liège qu’on préfèrera coucher afin d’éviter qu’il ne se dessèche et que de l’oxygène entre par le goulot - exactement comme le vin. Enfin, déplacez-les le moins possible, jusqu’au moment de les déguster, bien sûr !

Nous avons parlé plus haut de la conservation au frigo des styles houblonnés, pour autant, elle est à éviter pour les autres. Les ouvertures et fermetures régulières entraînent en effet des vibrations et une exposition à la lumière, tandis que les basses températures peuvent précipiter les matières en suspension et troubler le liquide, voire y former des flocons (sans conséquences sur la santé, néanmoins). Bref, gardez le bac à légumes pour les légumes ! Enfin, ce n’est pas idéal si vous souhaitez faire vieillir vos potions, mais ça, c’est un sujet pour une autre fois…

Et pour découvrir de nouvelles bières à consommer tout de suite ou plus tard, découvrez notre abonnement mensuel Sans Pression pour recevoir chaque mois, 3 duos de bières artisanales (à partager !) et notre fiche bière, Le Galopin, pour tout savoir sur les bières reçues, et en apprendre encore plus sur leur dégustation !

Article rédigé par Hélène et les Houblons pour Le Petit Ballon.